Notre étude montre que les poissons utilisateurs d’outils ont une organisation cérébrale unique comparée aux autres espèces de téléostéens.

Quelle organisation cérébrale permet à un poisson d’utiliser un outil ? Dans cette étude publiée dans Communications Biology, des chercheurs de l’institut NeuroPSI se sont penchés sur l’utilisation d’outils chez les poissons, un comportement généralement associé aux primates ou aux autres corbeaux et perroquets possédant un grand pallium (le pallium est l’autre nom du cortex cérébral).
Les chercheurs ont comparé les différentes structures cérébrales de plusieurs espèces de poissons téléostéens, en particulier des labres utilisateurs d’outils et des poissons ne possédant pas cette capacité, comme le poisson-zèbre. Les résultats révèlent qu’en comparaison des autres poissons, les labres présentent une hypertrophie significative du pallium, ainsi que du lobe inférieur, une structure absente chez les mammifères et les oiseaux. De plus, la visualisation des fibres nerveuses par une technique de transparisation suivie d’imagerie par microscopie à feuille de lumière montre que les labres ont une connectivité importante entre le pallium et le lobe inférieur. Cette connexion suggère un lien fonctionnel entre ces structures.

Ces résultats soulignent le rôle crucial du pallium, commun aux amniotes et poissons, dans les comportements intelligents tels que l’utilisation d’outils. Cependant, chez les poissons utilisateurs d’outils, une autre structure, le lobe inférieur, spécifique aux poissons, semble jouer un rôle essentiel. Cette différence d’organisation cérébrale entre poissons et amniotes malgré une capacité commune à utiliser des outils suggère des voies évolutives distinctes pour développer un cerveau adapté à cette compétence. Des études futures devront explorer plus en profondeur le rôle précis du lobe inférieur dans ces comportements.

Different ways of evolving tool-using brains in teleosts and amniotes. Pierre Estienne, Matthieu Simion, Hanako Hagio, Naoyuki Yamamoto, Arnim Jenett & Kei Yamamoto

Article paru dans la revue Communications BiologyVoir sur le site