Guy Bouvier est lauréat d’une « starting grant » de l’ERC.

Recruté au CNRS en tant que chargé de recherche en 2022, Guy a créé en 2023 l’équipe « SensoMotion » au sein de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay.
L’annonce de sa Starting grant de l’ERC 2022 ainsi que son portrait sont en ligne sur le site de l’INSB.

Correcting for self: The impact of head motion on visual processing and behaviour.

Ce que nous percevons n’est pas nécessairement ce que nous voyons. Notre cerveau est capable de contextualiser ce que nous voyons. Par exemple, la rétine peut être stimulée de la même manière lors d’un mouvement de la tête ou lorsqu’un objet se déplace autour de nous. Le cerveau doit ainsi avoir connaissance de nos déplacements pour pouvoir interpréter nos stimulations visuelles. Pour étudier ce phénomène, nous allons nous concentrer sur l’intégration de signaux venant de deux organes: les yeux, véritables caméras sur le monde, et l’oreille interne, semblable à un détecteur de mouvements de notre tête. Chez les mammifères, il a été démontré que les mouvements de la tête modulent l’activité des neurones du cortex visuel primaire. Cela suggère que nos mouvements peuvent impacter notre perception visuelle dès la première étape de ce processus. En revanche, nous avons peu d’informations concernant les mécanismes d’intégration de ces deux signaux neuronaux, car l’essentiel de ces études ont été effectuées sur l’animal immobile.
Le projet ERC « SensoMotion » porté par Guy Bouvier vise à comprendre les circuits corticaux essentiels à la perception visuelle lorsque nous explorons notre environnement.

Portrait :

Guy Bouvier est chargé de recherche au CNRS et chef de l’équipe SensoMotion à l’Institut NeuroPSI. Créée à l’été 2023, l’équipe de Guy s’intéresse aux circuits neuronaux permettant de construire une représentation à la fois stable et plastique de notre environnement. La compréhension de ces mécanismes, essentiels à plusieurs fonctions cérébrales, représente un défi en neuroscience.

Pour sa thèse, Guy a rejoint le laboratoire de Boris Barbour (IBENS) pour travailler avec Mariano Casado sur les mécanismes de la plasticité synaptique en utilisant comme modèle expérimental la synapse entre les fibres parallèles-cellules de Purkinje (FP-PC) du cervelet. En combinant des approches d’électrophysiologie et d’imagerie avec des modèles mathématiques, Guy et ses collègues ont montré l’implication de différents récepteurs dans la plasticité synaptique (FP-PC) et l’apprentissage moteur. Ce travail a révélé de nouvelles perspectives mécanistiques liées à la plasticité synaptique, offrant ainsi de nouveaux candidats thérapeutiques potentiels pour des patients atteints de troubles cérébelleux. Récemment, Guy a piloté deux études innovantes en exploitant ce modèle expérimental, visant notamment à élucider les répercussions de la mutation SCN2A, associée à l’autisme, sur le réflexe vestibulo-oculaire chez les patients et le modèle murin.

Pour son stage postdoctoral, Guy a décidé de tester comment ce circuit vestibulo-cérébelleux module l’activité du cortex cérébral. C’est pourquoi, il a rejoint le laboratoire de Massimo Scanziani (UCSF/HHMI), un expert mondial du cortex visuel. Plusieurs évidences chez les primates indiquent que le mouvement module l’activité du cortex visuel leur permettant de construire une représentation stable de l’environnement. Afin d’obtenir une compréhension fine des circuits impliqués dans cette modulation, Guy a tiré avantage du modèle murin et de ses nombreux outils génétiques. En raison de défis techniques majeurs dus à l’enregistrement et la manipulation de l’activité des neurones chez l’animal en mouvement, cette question n’avait toujours pas été abordée. Ainsi, Guy a initié et mené une étude pionnière visant à élucider comment les mouvements de la tête impactent l’activité du cortex visuel primaire chez les souris. Ces résultats sont très intéressants, car cela signifie que nos mouvements peuvent impacter les toutes premières étapes du processus de perception.

Pour débuter son équipe, Guy a été sélectionné via un appel international porté par l’institut NeuroPSI. Grâce au financement de l’ERC-Starting et l’obtention d’un poste de chargé de recherche CNRS en 2022, Guy propose un projet ambitieux visant à comprendre comment nos mouvements impactent le traitement sensoriel et le comportement.

« Data is like garbage. You’d better know what you are going to do with it before you collect it. » – Mark Twain