En fin de gastrulation chez les vertébrés, la taille et l’organisation du futur oeil sont déjà décidées, et leurs variations entre espèces sont prévisibles.

Une carte moléculaire en 3D de la plaque neurale d’un poisson cavernicole éclaire l’organisation du champ oculaire et ses frontières chez les vertébrés. Les rétines des vertébrés proviennent d’un primordium spécifique dans la plaque neurale antérieure appelée champ oculaire. Son identité est conférée par un ensemble de «facteurs de transcription oculaires», dont l’expression combinatoire a été peu étudiée. Ici, nous utilisons le téléostéen dimorphique Astyanax mexicanus, chez qui les yeux se développent de façon correcte chez le morphe de rivière mais sont petits et colobomateux chez les embryons cavernicoles aveugles, pour décrypter l’anatomie moléculaire du champ oculaire et ses variations au sein d’une espèce.
A l’aide d’une série de marqueurs (rx3, pax6a, cxcr4b, zic1, lhx2, emx3 et nkx2.1a), nous dessinons une carte d’expression 3D comparative en fin de gastrulation/début de neurulation, qui met en évidence l’hyper-régionalisation du champ oculaire en sous-territoires de tailles, de formes, d’identités cellulaires et de niveaux d’expression combinatoires de gènes distincts le long des trois axes corporels. Toutes ces caractéristiques présentent des variations significatives chez le mutant naturel du poisson cavernicole. Nous caractérisons également les identités cellulaires aux frontières du champ oculaire, proposons des destins putatifs pour certaines de ses subdivisions et suggérons l’existence d’un compromis entre certaines subdivisions chez les deux morphes d’Astyanax à une échelle micro-évolutive.

A 3D molecular map of the cavefish neural plate illuminates eye-field organization and its borders in vertebrates. François Agnès, Jorge Torres-Paz, Pauline Michel, Sylvie Rétaux.

Article paru dans la revue DevelopmentVoir sur le site